Àhכֿhכֿ : que signifie ce vocable et pourquoi l’avoir choisi pour désigner une revue scientifique ? Le mot ahכֿhכֿ prononcé àhכֿhכֿ, à ne pas confondre avec ahכֿhlõ, désigne en éwé le cerveau, au
propre et au figuré, et aussi la cervelle. Il appartient au champ analogique de súsú « pensée″, « idée » ; anyásã « intelligence » « connaissance ». Anyásã désigne également la bronche du poisson.
Dans les textes bibliques, anyásã est mis en rapport synonymique avec núnya » savoir ».
Mais pour exprimer le savoir scientifique, et la pensée profonde profane, on utiliserait Àhכֿhכֿ. Voilà pourquoi le vocable a été retenu pour nommer cette Revue de Géographie que le Laboratoire de Recherche sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés (LARDYMES) du Département de Géographie se propose de faire paraître annuellement.
La naissance de cette revue scientifique s’explique par le besoin pressant de pallier le déficit d’organes de publication spécialisés en géographie dans les universités francophones de l’Afrique subsaharienne.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde de concurrence et d’évaluation et le milieu de la recherche scientifique n’est pas épargné par ce phénomène : certains pays africains à l’instar des pays développés, évaluent la qualité de leurs universités et organismes de recherche, ainsi que leurs chercheurs et enseignants universitaires sur la base de résultats mesurables et prennent des décisions budgétaires en conséquence. Les publications scientifiques sont l’un de ces résultats mesurables.
La publication des résultats de la recherche (ou la transmission de l’information ou du savoir est la pierre angulaire du développement de la culture technologique de l’humanité depuis des millénaires : depuis les peintures rupestres d’animaux (destinées peut-être à la formation des futurs chasseurs ou à honorer un projet de chasse) en passant par les hiéroglyphes des Egyptiens jusqu’aux dessins et écrits de Léonard de Vinci (les premiers rapports techniques). L’apparition de techniques d’impression bon marché a induit une croissance explosive des publications, et une certaine évaluation de la qualité était devenue nécessaire. Les sociétés savantes ont commencé à critiquer les publications, qui étaient souvent sous forme manuscrite et lues en public ; ce procédé est la version ancestrale de l’évaluation que nous pratiquons de nos jours. Aujourd’hui, une publication électronique multimédia accessible par un hyperlien, comportant un code exécutable et des données associées, peut être évaluée par toute personne au moyen d’un commentaire en ligne.
Le fait d’extérioriser les concepts de l’esprit des chercheurs et enseignants universitaires, de les consigner par écrit (avec les résultats et observations qui y sont associés), permet une conservation posthume des travaux de ceux-ci et rend leurs résultats reproductibles et diffusables. Certains estiment que cette « conservation externe de la mémoire » est le signe distinctif de l’humanité.
C’est précisément pour parvenir à cette vision holistique de la recherche (et non seulement de ses résultats, dont les plus évidents sont les publications, mais aussi de son contexte), que nous éditons depuis 2007 la revue Ahכֿhכֿ afin que chaque géographe trouve désormais un espace pour diffuser les résultats de ses travaux de recherche et puisse se faire évaluer pour son inscription sur les différentes listes d’aptitudes des grades académiques de son université.
Puisse sa parution être transmise au sein des enseignants et chercheurs du LARDYMES de génération en génération.
Professeur Koffi A. AKIBODE