ESPACE MEDICAL ET ESPACE SANITAIRE DANS UN PETIT ESPACE URBAIN DENSE (BACONGO, BRAZZAVILLE)
Etienne PAKA, .
Pour améliorer la couverture sanitaire des populations, plusieurs pays africains ont adopté le système de santé de district comme clé de voûte d’une planification sanitaire par l’offre de soins. La sectorisation qui en découle suppose une superposition des espaces médicaux et des espaces sanitaires. L’objectif de cette étude réalisée à Bacongo, un arrondissement péricentral parmi les plus anciens de Brazzaville, vise à analyser ces deux types d’espaces. Les données utilisées proviennent des registres de consultations curatives de huit centres de santé pilotes sélectionnés dans le cadre du programme de développement des services de santé. Les données statistiques et spatiales ont été traitées sur Excel et ArcGis 10.8. Il ressort que l’espace médical des centres de santé de Bacongo est principalement ancré au sud de Brazzaville. Près de 67% des patients résident à Bacongo, 86% viennent des trois arrondissements sud de Brazzaville (Bacongo, Makélékélé et Madibou). À l’échelle de Bacongo, les structures de soins rayonnent majoritairement en dehors de leur quartier d’implantation (63%), de même que les populations ont majoritairement recours aux centres de santé situés hors de leur quartier de résidence (61%), dans un rayon de moins de 2 km. Dans un petit espace urbain comme Bacongo, bénéficiant d’une offre de soins dense, l’absence de superposition entre les limites des quartiers, les espaces médicaux et les espaces sanitaires montre les limites d’une sectorisation s’appuyant sur le découpage administratif. Du point de vue des pratiques spatiales de santé, l’espace urbain apparaît comme un espace médical partagé par différentes structures de soins et comme un espace sanitaire constitué de territoires de recours aux soins emboités et façonnés au gré de facteurs facilitant les mobilités urbaines. Dans ce type de configuration géographique, l’objectif d’une politique de santé devrait être prioritairement l’amélioration de la qualité des soins et pas nécessairement l’amélioration de l’accessibilité géographique.