LE TRANSPORT MOTORISE (ROUTIER) MIXTE, UNE SPECIFICITE DANS LE FERLO
Abdoulaye DIAGNE, Papa SAKHO, Olivier NINOT.
L’offre de transport routier collectif formel est loin de satisfaire la demande de mobilités, notamment dans les espaces marginaux sahéliens. Face aux besoins croissants de déplacements dans ces milieux, se pose la question du modèle d’un transport adapté. Aussi, la présente contribution aborde un aspect relativement nouveau du transport motorisé dit mixte, développé en milieu rural sénégalais, dans le Ferlo. Cette région naturelle se caractérise par son enclavement, une prééminence du système de production pastorale, de faibles densités de population, un maillage et un état structurel des routes médiocres. Le transport motorisé (routier) mixte permet le convoyage simultané dans un même véhicule, dénommé wopuya, de personnes, marchandises et bétail vers les marchés hebdomadaires désignés sous le vocable de loumo. Ce type de transport a contribué à l’ouverture du Ferlo au reste du pays. Le présent article s’appuie sur une enquête qualitative auprès des conducteurs de wopuya ainsi que les résultats de récentes recherches menées dans le Ferlo Oriental. Les résultats ici obtenus ont porté, d’une part, sur l’évolution historique du transport motorisé dans la région et, d’autre part, sur le rôle des wopuya pour accès plus rapide des loumo et l’extension progressive des aires d’influence de ces marchés hebdomadaires. L’analyse des résultats a également permis de s’interroger sur la permanence (durabilité) et la (ré) organisation des services de l’informel utilisant des véhicules « bricolés », non sécurisés et médiocres, aux tarifs chers mais efficaces et indispensables au fonctionnement de la vie de relations des contrées du Ferlo.